Elle aime les belles images et faire la différence. Elle aime également utiliser tout son potentiel et sa créativité au service d’une oeuvre plus grande qu’elle… Chantal Barry a donc co-fondé la société Euro Media Télévision en 1983 avec son défunt mari Jean-Pierre Barry et leur ami Luc Geoffroy. Après avoir été CEO du groupe Euro Media, elle est aujourd’hui la présidente du Conseil d’Administration de la holding Financière EMG.
Pour tirer des clés nécessaires à la création d’entreprise et connaitre les réussites et difficultés de Chantal, on t’invite à lire son aventure entrepreneuriale en détail ici :
Chantal et Jean-Pierre Barry ont tout appris sur le tas. Il était le visionnaire et elle, avec son profil de gestionnaire, a exercé la fonction de Directrice de Production. C’est une aventure qui s’est construite au tout début à deux, puis très rapidement à trois avec Luc Geoffroy, le directeur technique de la bande. Le trio passionné a mis chacun 1 000 euros pour la création de la boite et c’est comme ça qu’Euro Media Télévision est né.
Les débuts de l’aventure Euro Media Télévision : levée de fonds de 1 million de dollars et savoir se différencier de la concurrence
Quatorze. C’est le nombre de banque qui leur ont dit non. Comment créer une entreprise dans le monde de l’audiovisuel sans matériels ? Il leur fallait absolument des caméras. « Elles coûtaient 300 000 F à l’époque. Les banquiers n’étaient pas convaincus par le projet et personne voulait nous suivre. » se rappelle-t-elle avant de raconter comment les trois s’en sont sortis. « Vous savez…quand on cherche, on finit par trouver. On a rencontré un américain qui nous a monté une tournée aux Etats-Unis. Là-bas, des gens étaient intéressés par le projet et on a levé 1 million de dollars ». C’est grâce à tous ces business angels que Chantal et ses deux coéquipiers ont pu démarrer. « Lever un million de dollar, dans les années 80, par des petits Français qui débutaient, c’était … incroyable ! Il y avait une bonne étoile sur notre route. » fait-elle savoir.
De retour en France, tout s’enchaine avec un premier client commercial : « C’était France 3 pour une émission de rock. On a été pris comme équipe technique, on fournissait le car de télévision ». À cette époque, les entreprises concurrentes disposaient de grosses caméras et de gros cars. Le groupe de Chantal ne faisait pas le poids face à eux mais sous une bonne inspiration de Luc Geoffroy, Euro Media Télévision s’est démarqué de tous avec une stratégie radicalement opposée : « Nous nous sommes procurés des cars beaucoup moins gros et des caméras plus petites. On ne pouvait pas prendre les autoroutes, on n’avait pas les mêmes moyens que les autres mais ça ne nous a pas empêchés d’obtenir d’excellents résultats. De plus, on rentrait plus facilement dans les rues. Il ne faut pas hésiter à être différenciant ! » dit-elle avec le sourire.
Après la miniaturisation des cars, Chantal et le groupe ont de nouveau été à contre courant. Alors que toutes les entreprises de l’audiovisuel décident de laisser les studios télé car à cette époque, ils ne rapportaient pas d’argent, eux décident d’en racheter. « Nous sommes allés à l’inverse de tout le monde. À partir de ce moment-là, on commence à se construire d’une façon incroyable parce que les émissions plateaux arrivent, les sitcoms aussi. Il y avait donc un besoin de plateaux et nous sommes quasiment les seuls à en avoir sur Paris. Nous nous sommes réarmés techniquement et on a commencé à peser très lourd. Ça a été une étape importante. »
Leader du marché sur les studios en France, l’entreprise connait une belle évolution et se développe sur plusieurs segments dans les années 90-2000 : cinéma, variété, fiction, sport avec Canal + ou encore l’« Entertainment » avec les jeux, la Star Academy pour ne citer que ça. Ce n’est que le début de l’histoire…
La croissance extraordinaire d’Euro Media Télévision : surmonter les défis et devenir leader européen
L’année 2001 a été marquée par la privatisation de la SFP (Société Française de Production) par Euro Media Télévision. Une nouvelle étape pour le trio et Chantal Barry qui devient la Directrice Général de cette entreprise avec pour mission de la « sauver » : « La santé financière de la SPF est très mauvaise lorsqu’on la reprend et qu’elle est privatisée. Elle a été déficitaire pendant 25 ans. Les syndicats étaient très hostiles à notre arrivée. Notre premier comité d’entreprise s’est fait avec des personnes qui nous tournaient le dos… mais on leur a dit qu’on avait une vision pour cette entreprise et qu’on savait où on allait l’emmener » explique-t-elle.
C’était un très gros challenge. Il a fallu créer de la confiance avec les 430 salariés qui ont vu plusieurs patrons défiler et leur montrer qu’Euro Media allait se battre pour leurs intérêts. « Pendant 9 mois – le temps que Bruxelles accepte la privatisation- on perdait 60 000 euros par jour. C’était difficile et c’était un travail humain également car il a fallu licencier. J’ai reçu dans mon bureau chaque personnes deux fois pendant 1h. On a licencié 380 personnes. Certains ont intégré France Télévisions, d’autres sont allés en préretraite et d’autres ont été reclassés. Personne est resté sur le carreau, on en était fiers. 50 ont donc continué l’aventure avec nous et nous avons embauché par la suite 80 nouvelles personnes. »
En moins de deux ans, la santé financière de l’entreprise a été restaurée ! C’était un défi qu’elle n’oubliera jamais et qu’elle raconte avec beaucoup de fougue car « l’entrepreneuriat est une aventure. Il faut aimer les sensations fortes, sinon il ne faut pas y aller ! Il faut sortir de sa zone de confort. Quand on a une entreprise, il faut se réinventer tout le temps et souvent les difficultés sont des opportunités pour le faire et nous faire grandir ».
Après ça, Euro Media Télévision devient le premier provider des gros évènements et fusionne, 6 ans après, avec le groupe UBF. Une nouvelle entreprise nommée Euro Media Group voit ainsi le jour. Implantée dans 7 pays d’Europe (France, Belgique, Royaume-Unis, Pays-Bas, Allemagne, Italie et Suisse), la société devient ainsi leader du marché européen de la prestation audiovisuelle. Chantal Barry devient la PDG d’Euro Media France : la branche française qui représente la moitié de l’activité du nouveau groupe. Quelques temps après, elle occupe la fonction de CEO d’Euro Media Group. « The Voice », « Le Tour de France », « Les Jeux Olympiques, « La Coupe du monde de Football » etc… l’entreprise réalise à cette période plus de 12 000 opérations de télévision par an et emploie 1 500 techniciens-ingénieurs ainsi que 100 000 intermittents.
« On a couru vers un but , on a essayé de l’accomplir. On a essuyé plein de tempêtes mais si vous changez de cap dans la tempête, vous prenez un risque. Il faut vraiment tenir le cap , être sûr de ses intuitions , rester dans une position , ne pas tourner avec le vent et en même temps sentir les vagues… savoir surfer sur elles» précise-t-elle. C’est difficile mais possible !
Les astuces et conseils d’organisation de Chantal Barry et son envie de « donner des ailes » aux autres
Durant sa carrière, Chantal a exercé des postes à hautes responsabilités. À partir de septembre 2012, elle devient Présidente du Conseil d’Administration, puis en 2014, Présidente de la holding, Financière EMG, fonction qu’elle exerce toujours à ce jour. Elle a su développer de bonnes habitudes afin de rester productive et épanouie. Au quotidien, elle effectue systématiquement une to-do list : « Je mets généralement 5 points à traiter et je fais tout pour les effectuer. Je prévois 80% de ma journée , jamais 100% parce qu’il y a toujours des imprévus à gérer ».
Pour elle, tout est une question de priorité et il faut savoir bien s’organiser. « On a eu la chance d’oeuvrer en couple. Avant, je travaillais sans relâche 4 jours par semaine. Je gardais le mercredi et le week-end pour mes enfants quand ils étaient plus petits. Quand vous vous jetez dans ce genre de bataille, il faut y aller de toutes vos forces, il faut courir partout, mais notre famille était prioritaire et on a toujours donné une place à nos enfants. Si ce n’était pas en quantité, c’était au moins en qualité ! ».
Aujourd’hui, Chantal est toujours en activité mais sa mission principale n’est plus la même : « Je conseille davantage, j’exécute moins. Le but est de donner des ailes aux managers. On discute stratégies, j’essaie d’éclairer, de donner le meilleur pour qu’ils puissent avancer et construire. J’essaye d’être bienveillante et de les aider à être plus productifs. Il y a un temps pour laisser sa place et révéler les talents autour de soi. » conclut-telle.